La contrainte comme point de départ pour inventer des histoires.

Créer des histoires en partant de rien peut paraître difficile. Mais la bonne nouvelle c’est que rien ne nous oblige à faire ça ! Dans cette deuxième newsletter, je vais vous parler de la contrainte comme tremplin pour la création.

Au programme

INSPIRATION

Exposition Pianina à Villeurbanne

A l’occasion de la fête du livre à Villeurbanne, en avril dernier, j’ai pu visiter à la MLIS l’exposition consacrée à l’artiste en résidence de cette édition : Vincent Pianina. Ce jeune auteur illustrateur réalise des livres jeunesse décalés et drôles, dans un style graphique qui s’adapte à chaque récit. En lien avec le thème de la ville choisi cette année, son exposition s’intitule « Pas.sage Pianina ». Dès le début de l’exposition, on entre dans l’univers de l’auteur. Il nous accueille avec cette fresque murale :

Exposition Vincent Pianina

Il confesse d’emblée ressentir la nécessité de se créer des contraintes pour imaginer des histoires : une « règle du jeu », « un défi rigolo». « Ça fait comme si j’installais sur la feuille des petits trampolines, qui font sauter les idées dans la même direction. » dit-il. La suite de l’exposition présente chacun de ses livres en dévoilant la contrainte que Vincent Pianina s’est imposée au départ. 

En voici quelques exemples :

 

Exemple 1.

La contrainte : Changer une lettre dans un mot ou une expression et l’illustrer

Ours molaire2014, Editions Gallimard Jeunesse Giboulées

album-ours-molaire-vincent-pianina-bibliotheque-graffitigre
ExpoPianina-OursMolaire1
ExpoPianina-OursMolaire2
Exemple 2.

La contrainte : Créer un livre d’activité en mettant en scène la personne qui crée le livre et qui galère un peu !

Le cahier d’activités le plus nul, 2018, Éditions du Centre Pompidou

Si vous pouvez mettre la main dessus, je vous conseille vraiment ce cahier d’activité. Il retourne les codes du cahier d’activités et tisse un lien narratif au fil des pages. C’est une histoire en même temps qu’un livre de jeux (il faut faire les activités dans l’ordre pour en saisir tout l’humour).

Cahier d'Activite Le Plus Nul
Cahier d'Activite Le Plus Nul
Exemple 3.

La contrainte : Créer une histoire en dessinant le même personnage (dans la même position) sur chaque page.

Le magicien, etc., 2023, Editions Thierry Magnier

Pianina Le Magicien ect
Pianina Le Magicien ect
Pianina Le Magicien ect
En coulisses

Le pouvoir des histoires : un CV « raconté »

Je vais vous montrer un exemple d’histoire qu’on peut raconter en s’imposant une contrainte forte. Ça va peut être vous paraître hors sujet, mais ce que veux démontrer c’est que tout peut devenir une histoire et que la narration est un outil puissant pour attirer l’attention des autres et faire passer un message. C’est une des raisons pour lesquelles c’est si important de sensibiliser les enfants à la création d’histoires !

Quand nous voulions partir nous installer en Australie, en 2015 avec mon compagnon, nous avons jeté notre dévolu sur Melbourne. Nous n’avions aucun contact là bas. Nous avons décidé de créer un CV spécialement pour l’occasion. L’idée était de présenter notre démarche, en même temps que notre expérience et nos compétences. Raconter une histoire qui pourrait capter l’attention des employeurs potentiels.

Nous avons donc crée un site internet où nous nous présentions et discutions entre nous (comme dans une BD) de notre parcours, notre vision du métier, nos projets passés… Un avion partait du haut de l’écran et descendait au fur à mur que l’on faisait défiler la page… pour arriver finalement sur le territoire australien avec nos valises. On proposait alors au lecteur de nous aider dans notre aventure et de nous contacter pour un entretien d’embauche. 

WeAreMoving CV raconté
WeAreMoving CV raconté

A l’intérieur d’une contrainte très forte, nous avons essayé de raconter une histoire authentique, notre histoire. Et ça a marché ! Nous avons eu plein d’entretiens sur place et trouvé un travail en deux semaines.

Comme vous le voyez la contrainte ne nuit pas forcément à la créativité, au contraire.

Créer à partir d’une contrainte est quelque chose qui s’apprend par la pratique. Alors n’attendons pas : voyons ce qu’on peut faire avec nos enfants pour travailler ce « muscle » de la créativité.

Activité(s) avec les enfants

Les dés

Avec mon fils, nous nous sommes mis très tôt à imaginer et dessiner de petites histoires, sous la forme de succession d’images.

Pour se donner des idées, j’avais peint des petits dés en bois et dessiné quelque chose sur chaque face. On lançait les dés et, en fonction des images qui apparaissaient, on se concertait et on plaçait les dés dans un certain ordre pour imaginer une histoire.

Depuis, j’ai investit dans des dés déjà tout prêts qui s’appellent les « Story cubes ». Certains sont génériques, d’autres décrivent des actions et d’autres sont à thème (fantasy, voyage…)

Voici la première petite  » histoire  » que nous avons réalisé. Mon fils avait 3 ans et 9 mois :

Des illustrés

On tire les dés.

Des illustrés remis dans l'ordre pour raconter des histoires

On les place dans un ordre logique.

On dessine chaque moment de l’histoire.

Comme Elio ne dessinait pas encore beaucoup, j’ai dû mettre en place des petites techniques pour qu’il participe, mais que l’histoire se tienne un minimum. Je détaillerai tout ça dans une prochaine newsletter. Mais, par exemple :

  • dessin 2 : il a dessiné le gros nuage et j’ai ajouté l’éclair. Il a ainsi appris à dessiner un éclair comme on peut le voir sur la dernière image. Il en a dessiné pendant des jours après ça 😉
  • dessin 4 :  j’ai dessiné les cimes des arbres et lui ai demandé de faire les flammes.
  • dessins 4 et 5 : C’est moi qui ai dessiné le Canadair (aujourd’hui, comme il est plus grand, je pourrais le laisser faire en lui montrant éventuellement un modèle)

Aujourd’hui, je vous propose de faire pareil !

✨  Lancez 4 à 6 dés à faces illustrées. Il peut s’agir de dés présentant des objets, mais aussi des actions. Les dés Story Cubes existent en de multiples déclinaisons. 

✨ Concertez-vous avec l’enfant pour savoir quel ordre des dés fait sens à ses yeux. C’est une étape de « négociation » intéressante, où chacun présente ce qu’il imagine être les étapes principales de l’histoire. Prenez les idées de l’enfant tout en l’aidant à clarifier l’histoire.

✨ Dessinez chaque moment de l’histoire, en 4 à 8 pages (un dessin par page)

Les cartes

Dans la lignée de ma dernière newsletter (numéro 1), le second outil que j’utilise beaucoup sont les cartes. En particulier, j’ai trouvé un deck de cartes qui donne des points de départ pour des histoires. C’est celui-ci :

52 histoires à raconter

Je l’utilise pour inventer des histoires avec mon fils. D’un côté, les cartes présentent une image et un titre (comme « Bavardages d’une grenouille »). De l’autre, une petite phrase pour commencer l’histoire, ainsi que des pistes pour la développer (un rebondissement, une valeur à transmettre –  ex : « s’accepter », « grandir »…)

✨  Faites piocher une carte à l’enfant. Lisez lui le titre et la première phrase de l’histoire

✨  Lisez pour vous même les pistes de développement au dos. Libre à vous de les suivre ou non. C’est parti ! 

✨  Posez des questions à l’enfant pour le faire participer et faire avancer l’histoire (comme décrit dans ma précédente newsletter #1) 

Note : Pour cette activité, il faut quand même être un peu en forme et avoir du temps devant soi. Mais vous pouvez très bien arrêter l’histoire en cours de route et la reprendre plus tard. Certaines histoires peuvent vous durer plusieurs jours, à petites doses.

Et voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Dans une prochaine lettre, je prendrai plus le temps de vous expliquer comment dessiner les histoires crées ensemble, quel que soit l’age ou le niveau de dessin de l’enfant.

J’aime savoir ce que vous pensez de tout ça, alors n’hésitez pas à me faire des retours sur mon compte Instagram ou via la rubrique Contact.

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