INSPIRATION
Il était une fois, une petite fille…
Ma mamie Anne était institutrice. Quand j’étais petite, elle me lisait des livres : Hulul, les contes de la rue Broca… J’adorais ça. Mais je me souviens qu'elle inventait aussi des histoires. Je ne sais pas si elles les créait sur le vif ou si elle les avait imaginé pour ses élèves. J'ai juste en mémoire le bonheur que j’éprouvais les écouter.
Je faisais très bien la différence entre les histoires lues et ses propres inventions. La sensation n’était pas la même. Aujourd’hui je n'ai aucun souvenir précis de leur contenu. Mais sa voix, à la fois douce et grave, sa malice, la sensation de partager un secret, de recevoir quelque chose d'unique est encore présente. Et puis ce titre : « la princesse aux cheveux rouges »… Peut être qu’un jour j’essaierai de créer ma propre version de ce conte dont je n’ai gardé que le nom.
Mon autre mamie, Mimi, était aussi institutrice. Pas d’histoires de fiction de son côté, mais des anecdotes hilarantes racontées et re racontées lors de repas de familles, où tout le monde pleurait de rire. Je la revois en bout de table, prendre la parole devant un auditoire captif. Nous écoutions avec avidité la même histoire « vraie », racontée 100 fois auparavant, de manière sensiblement différente, sans vraiment savoir quelles parties du récit avaient été pimentées pour plus plus d’effet.
… devenue maman
Inconsciemment, j’ai dû garder ces émotions en tête, car quand mon fils a eu environ deux ans, j’ai commencé à lui inventer mes propres histoires.
Tout à commencé un jour où nous allions partir en vacances. Sur le départ, il me demande de lui lire un livre. N’en ayant pas à portée de main, je lui demande de me donner trois mots. « Lion, voiture, doudou » ! S’en est suivi une histoire un peu bancale mettant en scène un taxi transportant une famille dans la savane, un doudou perdu et un lion s’installant tranquillement sur la banquette arrière lors d’une pause pipi…
Elio a tellement aimé qu’il s’est mis à me réclamer des histoires régulièrement. Si je ramenais un livre, il me disait « non pas un livre, une inventation ! ».
Le mot n’existe peut être pas, mais le message était clair 😄
« Devenir parent conteur », le livre qui m’a fait aller plus loin
J’ai découvert ce livre par hasard, car je suis le travail de l’artiste qui a illustré la couverture. « Devenir parent conteur » a été écrit par Silke Rose West et Joseph Sarosy, deux enseignants passionnés, qui sont passés maîtres dans l’art d’inventer des histoires sur le vif. Leur ouvrage parle de l’intérêt de raconter des histoires de cette manière et donne quelques clés pour commencer, ainsi que de nombreux exemples.
Ce serait trop long de développer leur propos dans cette lettre mais je compte écrire un article plus complet sur mon blog. Si je devais n’en retenir que quelques points ce serait :
- lorsqu’un enfant dit « raconte moi une histoire » ce n’est pas tellement un récit qu’il réclame, mais de l’attention.
- c’est à la portée de tous. Le but n’est pas d’inventer une histoire parfaite. Il s’agit de partager un moment de complicité.
- Les histoires inventées peuvent aider l’adulte à aborder des sujets de manière moins frontale (une valeur, un enseignement) et à capter l’attention de manière plus efficace qu’un discours moralisateur…
En coulisses
Comment j'ai inventé l'histoire de mon album
Mon projet en cours est un album jeunesse (3-7 ans). L’histoire est née d’une de ces « inventations » que me réclamait mon fils sur le chemin de l’école. Elle a depuis été retravaillée et a changé de forme. Mais l’idée initiale est restée inchangée. En voici un petit résumé :
Elio et Joshua se sont déguisés pour carnaval. Pour les occuper, la maîtresse les invite à dessiner le décor de leur personnage costumé. Mais ce qui aurait pu être une activité ordinaire prend une tournure inattendue lorsque la formule magique de la maîtresse les catapulte réellement dans leurs dessins !
Je réalise ce livre à la gouache et en peinture numérique. Vous pouvez voir plus de détails sur cette page dédiée aux coulisses de création.
En attendant, voici quelques images déjà prêtes :
Activité(s)
3 mots
Nous avons des journées chargées et inventer des histoires peut paraître fatiguant. Les auteurs de « Devenir parent conteur » invitent les adultes à profiter des moments de transition (monter dans la voiture, le retour de l’école, métro…). Ce sont souvent des moments de tension, voire stressants, que les histoires peuvent apaiser (ex : « Un enfant ne veut pas monter dans la voiture ? Pourquoi ne pas instaurer une histoire spéciale qu’on ne peut raconter qu’un fois bien installé, ceinture attachée ? »)
Demandez à votre enfant de vous donner 3 mots. Commencez à raconter une histoire. Elle peut durer 5 minutes ou plus si vous vous laissez emporter par le récit !
Il existe aussi des générateurs de mots en ligne. Je vous conseille celui-ci : https://www.randomzilla.com/fr/random-word-generator.
Un objet prend vie
Vous avez un peu plus de temps pour vous consacrer à une histoire plus longue ?
Regardez autour de vous : prenez un objet que l’enfant connait bien. Maintenant posez-vous la question (avec votre enfant, qui parfois peut avoir des réponses surprenantes !) : si cet objet était en vie, que pourrait-il bien vouloir ?
(ex : cette poupée pourrait vouloir accompagner l’enfant à l’école demain matin) Maintenant, racontez l’histoire en imaginant ce qui pourrait bien se mettre en travers de son chemin.
Notes importantes :
- Ne vous souciez pas de savoir où l’histoire mène, ni d’anticiper la fin, cela n’a pas d’importance (pour les raisons évoquées plus haut.)
- Faites participer l’enfant en lui posant des questions (Faciles dans un premier temps) : » comment s’appelle le personnage ? « , » qu’est-ce qu’il a dans ses poches ? « , » est-ce qu’il fait beau ? « … Vous allez vous apercevoir que les réponses peuvent vous donner beaucoup d’idées !
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